Je synthétise ici ce que j’ai écrit ailleurs. [1]

Il est remarquable que la phrase de l’évangile selon Matthieu mise en exergue dans le titre de ce chapitre conclue le « discours eschatologique » de Jésus (Mt 24, 1-31), et encore davantage qu’elle soit précédée de cette affirmation, déjà citée :

Mt 24, 34 : En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé.

À laquelle fait écho ce verset, également cité plus haut :

Mt 10, 23 : en vérité je vous le dis, vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que ne vienne le Fils de l’homme.

Ces propos, sont restés mystérieux pour l’Église jusqu’à ce jour. Comme d’autres, d’ailleurs, dont ce dialogue, incompréhensible pour la raison humaine :

Mt 17, 10-12 (et parall.) : Et les disciples l’interrogèrent en ces termes: « Que disent donc les scribes, qu’Élie doit venir d’abord? » Il répondit: « Oui, Élie vient et il remettra tout en état ; or, je vous le dis, Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu, mais ils lui ont fait ce qu’ils ont voulu. De même le Fils de l’homme souffrira par eux. »

Et même ceux qui se prévalent de cet autre verset pour en désamorcer la charge explosive :

Mt 17, 17 : Alors les disciples comprirent que c’est de Jean le Baptiste qu’il leur parlait…

sont incapables d’expliquer le déni du Baptiste lui-même :

Jn 1, 21 : « Qu’es-tu donc? » lui demandèrent-ils. « Es-tu Élie? » Il dit: « Je ne le suis pas… »

Tout aussi déroutants sont certains comportements de Jésus – dont il ne fait pourtant aucun doute qu’ils sont prophétiques. C’est le cas, entre autres, de son entrée messianique solennelle à Jérusalem (Mt 21, 1-16) – qu’il a lui-même organisée « pour que s’accomplît l’oracle du prophète Isaïe » (Mt 21, 4-5) –, et dont le récit se termine laconiquement ainsi :

Mt 21, 17 : il sortit de la ville pour aller à Béthanie, où il passa la nuit.

Ou, tout aussi prosaïquement, dans ce parallèle :

Mc 11, 11 : Il entra à Jérusalem dans le Temple et, après avoir tout regardé alentour, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les Douze.

J’ai passé la quasi-totalité de ma vie d’adulte à buter sur ces apories apparentes, à la lumière obscure des expériences spirituelles auxquelles j’ai fait allusion dans cet écrit. Je livre ici ce que j’en ai compris au bout du compte.

Dans la ligne même du mystère de l’Incarnation, il fallait, pour que le Royaume de Dieu s’établisse sur la terre conformément aux Écritures, à la tradition juive, et à l’enseignement de certains Pères de l’Église [2], que le peuple juif se rassemble dans sa patrie d’antan, recouvre son identité et sa familiarité avec la langue de ses Pères, et renoue avec son histoire religieuse et politique sur cette terre.

Malheureusement, force est de constater que cette perspective a très longtemps été farouchement niée et exclue de l’enseignement magistériel, au motif que le Christ avait aboli la Loi et que Son Église était la seule héritière des promesses bibliques et messianiques dont les Juifs ont été dépossédés en raison de leur « refus » de croire au Messie Jésus [3].

Pourtant, plusieurs textes néotestamentaires prophétisent clairement la restitution à Israël de ses prérogatives messianiques. Témoin cette promesse que fait Jésus à ses apôtres :

Mt 19, 28 = Lc 22, 30) …vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël.

C’est également ce rétablissement qu’anticipe la question posée par les apôtres à Jésus, après sa résurrection :

Ac 1, 6 : Est-ce maintenant que tu vas restituer la royauté à Israël ?

Et cette perspective n’a pas été écartée par leur Maître [4]. Par contre, elle n’est toujours pas admise par les autorités suprêmes de l’Église [5].

Pour ma part, je ne doute pas que le rétablissement et la restauration du peuple juif soient chose faite. Cette certitude n’est pas seulement fondée sur une révélation privée [6], mais sur les événements des trois générations écoulées, dont un nombre non négligeable de nos contemporains encore en vie ont été témoins. J’en fais moi-même partie, étant né en 1936, l’année où Hitler, élu chancelier trois ans auparavant, fit réoccuper la zone démilitarisée de la Rhénanie [7], inaugurant ainsi les violations subséquentes du Traité de Versailles, qui aboutirent à la Seconde Guerre mondiale. J’ajoute, sans entrer dans les détails, que, durant ma prime enfance à Paris, j’ai été témoin de rafles des Juifs [8], dont je n’ai toutefois qu’un très vague souvenir [9].

Pour autant, jusqu’à mes 22 ans, je n’avais pas attribué de signification religieuse au retour progressif des Juifs dans leur patrie d’antan. Jusqu’au jour où, tandis que je lisais un ouvrage relatant la persécution et l’extermination des Juifs d’Europe [10], je me sentis submergé par une sorte de ‘séisme mystique’, préludant au ravissement surnaturel qui, en ce jour du printemps de 1958, me fit entrer dans le mystère du dessein de Dieu sur Israël [11]. Après un très long cheminement humain et spirituel [12], qui a fait de moi un Juif croyant en Jésus, « vrai Dieu et vrai homme », et un Chrétien croyant en la vocation du peuple juif et à la venue en son sein du prophète Élie [13] – pour tenir tête à l’Antéchrist [14], avant l’instauration du Royaume de Dieu sur la terre -, je crois le temps venu pour moi d’exposer, avec l’aide de Dieu, ma perception des événements avant-coureurs de l’apocatastase [ou de la mise en vigueur] de tout ce que Dieu a proclamé par la bouche de ses saints prophètes de toujours » (Ac 3, 21).

L’Écriture a prévenu que rares seront les fidèles, juifs et chrétiens, qui percevront l’imminence de l’accomplissement du dessein de Dieu dans les derniers temps et en avertiront les fidèles ; témoin cet oracle de Jérémie:

Jr 9, 11 : Quel est l’homme sage qui comprendra ces événements, et à qui la bouche du Seigneur a parlé pour qu’il l’annonce… ?

Les nations refuseront d’écouter ces « guetteurs » [15] et de croire au dessein de Dieu sur Son peuple. Depuis Amaleq – qui s’opposa jadis mortellement à Israël au moment où il était le plus vulnérable, après sa sortie d’Égypte [16] – jusqu’à Hitler, c’est le même processus, dont la Shoah a constitué le point culminant. Alors, il a semblé que Dieu s’était tu. Pourtant, à en croire Isaïe, il semble ne s’être contenu qu’à grand-peine :

Is 42, 14 : Longtemps j’ai gardé le silence, je me taisais, je me contenais. Comme la femme qui enfante, je gémissais, je soupirais, je haletais.

Mais il se reprend :

Is 42, 15 : Je vais ravager montagnes et collines, en flétrir toute la verdure; je vais changer les torrents en terre ferme et dessécher les marécages.

Et c’est pour s’apitoyer sur son peuple :

Is 42, 16-23 : Je conduirai les aveugles par un chemin qu’ils ne connaissent pas, par des sentiers qu’ils ne connaissent pas je les ferai cheminer, devant eux je changerai l’obscurité en lumière et les fondrières en surface unie. […] Sourds, entendez ! Aveugles, regardez et voyez! Qui est aveugle si ce n’est mon serviteur ? Qui est sourd comme le messager que j’envoie ? Qui est aveugle comme celui dont j’avais fait mon ami et sourd comme le serviteur du Seigneur ? Tu as vu bien des choses, sans y faire attention. Ouvrant les oreilles, tu n’entendais pas. Le Seigneur a voulu, à cause de sa justice, rendre la Loi grande et magnifique, et voici un peuple pillé et dépouillé, on les a tous enfermés dans des basses-fosses, emprisonnés dans des cachots. On les a mis au pillage, et personne pour les secourir, on les a dépouillés, et personne pour demander réparationQui, parmi vous, prête l’oreille à cela ? Qui fait attention et comprend pour l’avenir ?

Et voici la première typologie prophétique de la Shoah :

Mt 2, 18 : Une voix dans Rama s’est fait entendre, pleur et longue plainte: c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus.

Elle aura sa restitution, son apocatastase, lors de l’accomplissement eschatologique de cette prophétie de Jérémie :

Jr 31, 16-17 : Ainsi parle Le Seigneur : Cesse ta plainte, sèche tes yeux ! Car il est une compensation pour ta peine – oracle du Seigneur – ils vont revenir du pays ennemi. Il y a donc espoir pour ton avenir – oracle du Seigneur – ils vont revenir, tes fils, dans leurs frontières.

Mais ce retour se heurtera au refus catégorique des nations, comme Dieu l’a annoncé par la bouche de ses saints prophètes, tels Michée, Joël, et Zacharie :

Mi 4, 11-13 : Maintenant, des nations nombreuses se sont assemblées contre toi. Elles disent: « Qu’on la profane et que nos yeux se repaissent de Sion ! » C’est qu’elles ne connaissent pas les plans du Seigneur et qu’elles n’ont pas compris son dessein : il les a rassemblées comme les gerbes sur l’aire. Debout ! Foule [le grain], fille de Sion ! Car je rendrai tes cornes de fer, de bronze tes sabots, et tu broieras des peuples nombreux. Tu voueras au Seigneur leurs rapines, et leurs richesses au Seigneur de toute la terre.

Jl 4, 1-2 : Car, en ces jours-là, en ce temps-là, quand je rétablirai Juda et Jérusalem, je rassemblerai toutes les nations, je les ferai descendre à la Vallée de Josaphat ; là, j’entrerai en jugement avec elles au sujet d’Israël, mon peuple et mon héritage, car ils l’ont dispersé parmi les nations et ils ont divisé mon pays.

Za 12, 3.9 : Il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre à soulever pour tous les peuples, et tous ceux qui la soulèveront se blesseront grièvement. Et contre elle se rassembleront toutes les nations de la terre. […] Il arrivera, en ce jour-là, que j’entreprendrai de détruire toutes les nations qui viendront contre Jérusalem.

Za 14, 2 : J’assemblerai toutes les nations vers Jérusalem pour le combat ; la ville sera prise, les maisons pillées, les femmes violées ; la moitié de la ville partira en exil, mais le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville.

Il faut se garder de considérer ces oracles comme étant, ainsi que l’affirment la majorité des spécialistes, des expressions littéraires hyperboliques des combats que ses ennemis menaient contre Israël jadis. Il faut les lire, au contraire, avec une foi totale en la capacité qu’a l’Écriture d’être, comme l’écrit Irénée de Lyon à propos de la double portée, historique et eschatologique, du récit de la création,

à la fois un récit du passé, tel qu’il s’est déroulé, et une prophétie de l’avenir [17].

Le point commun des oracles évoqués plus haut est, comme je l’ai dit plus haut (p. 29), la focalisation hostile des nations sur Jérusalem, et donc sur la terre d’Israël. Je m’étonne que les chrétiens ne voient pas, dans les événements actuels et plus précisément dans le contentieux inexpiable entre Israéliens et musulmans (Arabes ou non) à propos de la terre d’Israël et de Jérusalem (dans lequel les Palestiniens ont la faveur des nations, tandis que les Israéliens sont diabolisés en permanence), un signe et un avertissement de l’approche des temps et des événements à l’occasion desquels l’humanité se démarquera et prendra position pour ou contre le « signe de contradiction » que constituera alors le peuple juif, en qui se rejouera le destin, à la fois sublime et tragique, de son Rédempteur [18].

Dieu a prévu de toute éternité que, lorsque son peuple entreprendra de se reconstituer sur sa terre d’antan, après de terribles épreuves et une longue et douloureuse dispersion, il se heurtera au refus catégorique des nations, comme il est écrit :

Ps 2, 1-2, 4-9 : Pourquoi ces nations en tumulte, ces peuples qui débitent de vaines paroles ? Les rois de la terre s’insurgent, des princes conspirent contre Le Seigneur et contre son Oint […]. Celui qui siège dans les cieux s’en moque, Le Seigneur les tourne en dérision. Puis, dans sa colère, il leur parle, dans sa fureur, il les épouvante : c’est moi qui ai sacré mon roi, sur Sion, ma montagne sainte. J’énoncerai le décret du Seigneur : il m’a dit : Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. Demande et je te donne les nations pour héritage, pour domaine, les extrémités de la terre ; tu les briseras avec un sceptre de fer, comme vases de potier, tu les fracasseras…

Nombreux sont les passages de l’Écriture qui résonnent des cris de détresse d’Israël en butte à la haine des nations, tel celui-ci, entre des dizaines d’autres :

Ps 83, 2-5 : Ô Dieu, ne reste pas muet, plus de repos, plus de silence, ô Dieu ! Voici que tes adversaires grondent, tes ennemis lèvent la tête. Contre ton peuple ils trament un complot, ils conspirent contre tes protégés, et ils disent: « Venez, retranchons-les des nations, qu’on n’ait plus souvenir du nom d’Israël ! ».

Faut-il multiplier les textes ? Il y en a pléthore de cette nature, que les Chrétiens ne voient pas, ou qu’ils sont incapables de comprendre, dont celui-ci surtout:

2 Th 2, 3-7 : Que personne ne vous abuse d’aucune manière. Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Être de perdition, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. […] Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu’il ne se révèle qu’à son moment. Dès maintenant, oui, le mystère de l’impiété est à l’œuvre. Mais seulement jusqu’à ce que celui qui maintenant le retient soit enlevé. Alors l’Impie se révélera, que le Seigneur fera disparaître par le souffle de sa bouche, anéantira par la manifestation de sa Venue.

Et pourtant, nous le savons, « tout s’accomplira » (cf. To 14, 4 ; Lc 18, 31 ; etc.).

Pour clore ce chapitre, je souhaite que celles et ceux qui liront cet écrit avec un cœur bien disposé, intériorisent les versets bibliques suivants, comme constituant la parole même que Dieu leur adresse personnellement, ainsi qu’il le fit pour Jérémie quand il l’envoya admonester son peuple :

Jr 7, 27 : Tu leur diras toutes ces paroles: ils ne t’écouteront pas. Tu les appelleras: ils ne te répondront pas.

Même prédiction décourageante à l’adresse d’Ezéchiel, à qui le Seigneur enjoint de dire ce qu’Il lui a prescrit,

Ez 2, 5.7 ; Ez 3, 11 : qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas

À quoi fait écho cette exhortation de Paul, qui devrait être toujours présente à l’esprit des disciples du Christ :

2 Tm 4, 1-4 : Je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son Apparition et de son Règne : proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais, au gré de leurs passions, ils se donneront quantités de maîtres qu’ils aiment entendre et ils se détourneront de l’écoute de la vérité pour s’adonner à des fables.


  1. Dans Croire au dessein de Dieu sur les Juifs. « Testament d’un Serviteur inutile », p. 14-19.
  2. Ce n’est pas le lieu de traiter de la position du Magistère (et surtout celle du Vatican), traditionnellement rétive à admettre la perspective d’un établissement du Royaume de Dieu sur la terre – qui fut pourtant, comme dit plus haut, celle de plusieurs Pères vénérables des quatre premiers siècles de l’ère chrétienne, outre qu’elle remonte aux « Presbytres », ou disciples des Apôtres, et qu’Irénée de Lyon (IIe s.) en est le plus illustre théologien. J’ai largement traité de ce douloureux problème dans mes ouvrages, en général, et dans les articles suivants, en particulier : « Royaume de Dieu et monde à venir » ; « Le Royaume de Dieu : au ciel ou sur la terre ? » ; « Irénée de Lyon et le Royaume » ; « Le 'millénarisme' d'Irénée a-t-il été condamné par le Catéchisme de l’Église catholique ? » ; « Le témoignage des Sages d'Israël sur les temps messianiques » ; « Vrais et faux docteurs contre l'eschatologie » ; « "Ce monde»/"l’au-delà", ou "patrie céleste" : La 'spiritualisation' du Royaume de Dieu » ; « Catéchisme de l’Église catholique et avènement du Royaume en gloire ».
  3.  C’est ce qu’on a appelé la théologie de la substitution. Voir, entre autres « La substitution dans la patristique, la liturgie et des documents-clés de l’Église » ; « L'attribution de l’‘israelitica dignitas’ aux chrétiens est-elle un concept substitutionniste ?» ; etc. Il convient de souligner que le récent document du Vatican, intitulé « Réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs » - qui renonce d’ailleurs explicitement à cette théologie erronée – constitue une avancée témoignant d’une maturation théologique ecclésiale considérable du mystère du peuple juif. J’y ai consacré un Commentaire positif, non sans exprimer mon regret que le document n’évoque l’État d’Israël qu’en citant une phrase d’un texte ecclésial antérieur qui met sur le même plan l’existence de cet État, et sa politique, ce qui évacue le mystère : « Pour ce qui regarde l’existence de l’État d’Israël et ses options politiques, celles-ci doivent être envisagées dans une optique qui n’est pas en elle-même religieuse, mais se réfère aux principes communs de droit international » (voir Deuxième partie de mon Commentaire du document : 2. « Questions que le document romain laisse ouvertes »).

  4. Il faut toutefois préciser que la réponse de Jésus « Il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa seule autorité » (Ac 1, 8) est presque unanimement comprise en Chrétienté comme un démenti de cette espérance juive. Un simple examen du texte révèle que rien ne justifie une telle perception. En outre, un survol, même succinct, du Nouveau Testament, montre clairement que quand Jésus n’est pas d’accord avec ce que pensent ou disent ses disciples, il ne se gêne pas pour le leur dire sans ménagement, comme dans le cas où il appelle « Satan » l’apôtre Pierre à qui il avait confié, peu de temps auparavant, la responsabilité de son Église (cf. Mt 16, 23).
  5. Témoin ce développement du défunt pape saint Jean-Paul II : « Ainsi formulée, la question révèle combien ils sont encore conditionnés par les perspectives d'une espérance qui conçoit le royaume de Dieu comme un événement étroitement lié au destin national d'Israël […] Jésus corrige leur impatience, soutenue par le désir d'un royaume aux contours encore trop politiques et terrestres, en les invitant à s'en remettre aux mystérieux desseins de Dieu. “Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés dans sa liberté souveraine.” (Ac 1, 7) […] Il leur confie la tâche de diffusion de l'Évangile, les poussant à sortir de l'étroite perspective limitée à Israël. Il élargit leur horizon, en les envoyant, pour qu'ils y soient ses témoins, “à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre” (Ac 1, 8). » Audience générale du 11 mars 1998, texte italien publié par L’Osservatore Romano du 12 mars 1998, traduit en français dans la Documentation catholique, n° 2179/7, du 5 avril 1998, p. 304. Comme je l’ai écrit plus haut à propos de Jean XXIII, il n’est pas question de jeter le discrédit sur saint Jean-Paul II, qui fut le premier pape depuis Saint Pierre à se rendre dans une synagogue, et qui est à l’origine de ce que j’ai appelé la « Formule de Mayence », qui désigne les Juifs comme « le peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, jamais révoquée par Dieu » : voir M. R. Macina, « Caducité ou irrévocabilité de la première Alliance dans le Nouveau Testament ? A propos de la "formule de Mayence" ». Pour autant, il n’est pas non plus question de passer sous silence cette prise de position papale, même si celui qui occupait alors le trône de Saint Pierre, s’exprimait en tant que théologien privé et non ex cathedra.
  6. Je fais allusion à la locution intérieure suivante reçue au printemps 1967 : « Dieu a rétabli Son peuple ». Voir « Confession d’un fol en Dieu », op. cit., « Deuxième visitation », p. 35-41 de l’édition imprimée, et p. 22-27 du pdf en ligne sur le site Academia.edu.
  7. Voir l’article « Remilitarisation de la Rhénanie », de Wikipédia, et celui de l’INA, intitulé « Les troupes allemandes réoccupent la Rhénanie, violant ainsi les traités internationaux ».
  8. J’ai relaté avec émotion mon expérience mémorielle à ce propos dans mon livre intitulé L’itinéraire interdit. Mémoires d'un "électron libre" de la théologie du dessein de Dieu, chapitres « Voyage au bout d’une "question idiote" », et « Un goÿ est mort à Yad Vashem ».
  9. Voir toutefois, Ibid., « Exorde : Les questions idiotes ».
  10. Il s’agit de Léon Poliakov, Le Bréviaire de la haine. Le IIIe Reich et les Juifs, préface de F. Mauriac, Calmann-Lévy, 1951 et 1979, éditions Complexe, coll. Historiques.
  11. J’ai relaté de mon mieux cet événement inénarrable dans mon livre Confession d’un fol en Dieu, « Première visitation », et p. 21-34 de l’édition imprimée.
  12. 58 ans, à ce jour, dont 51 de silence public (1958-2009), suivis de sept ans de publications.
  13. Voir Ml 3, 24 ; Si 48, 10 ; Mt 17, 11.
  14. Il doit être clair qu’il ne s’agit pas là d’une spéculation personnelle. Ces perspectives eschatologiques sont présentes tant dans la littérature rabbinique que dans les écrits de Pères de l’Église ; voir, entre autres, mes études intitulées « Rôle eschatologique d'Élie - Attentes juives et chrétiennes » ; « Élie et la conversion finale du peuple juif, à la lumière des sources rabbiniques et patristiques » ; etc.
  15. Au sens de ce terme en Jr 6, 17, Ez 3, 17 ; 33, 2.6.7. Voir aussi mon écrit intitulé « Guetteurs pour "l’Israël de Dieu" (cf. Ez 3, 17 et Ga 6, 16) ».
  16. En Ex 17, 16, il est dit que Dieu est « en guerre contre Amaleq de génération en génération ». En Nb 24, 20, Balaam l’appelle « prémices des nations », et il prophétise que « sa postérité périra pour toujours ». La tradition juive considère Amaleq comme le type de tous les tyrans qui cherchent à détruire Israël. Pour ma part, sur la base de la prophétie de Balaam, je pense que c’est de son ultime avatar que prophétise Isaïe en parlant de « la horde de toutes les nations en guerre contre la montagne de Sion » (Is 29, 8).
  17. Voir Irénée de Lyon, Traité des Hérésies, op. cit., V, 28, 3, p. 654.
  18. Cf. Lc 2, 34 : « Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère: "Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction…" »

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Cette oeuvre (Salut universel et particularisme d'Israël. Le rôle médiateur du Judaïsme Messianique de Menahem R. Macina) n’a aucune restriction de droit d’auteur connue.

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