Croire dans le Christ, c’est croire au dessein de Dieu sur les Juifs dont il préfigure le destin de souffrance et de gloire[1]

On connaît la célèbre prophétie émise, contre son gré et sur inspiration divine, par le voyant païen Balaam, appelé par Balaq, roi de Moab, pour maudire Israël son ennemi :

Nb 23, 9 : Oui, de la crête du rocher je le vois, du haut des collines je le regarde. Voici un peuple qui demeure à l’écart, il n’est pas mis au nombre des nations.

Pendant des millénaires, les vicissitudes, souvent tragiques, de l’histoire du peuple juif ont semblé justifier cet apologue, et les anciens rabbins s’y sont référés pour expliquer le destin particulier de leur peuple. Devenues majoritairement chrétiennes, les nations, dûment conditionnées par une littérature patristique et ecclésiastique multiséculaire de textes « Adversus Iudaeos » (contre les Juifs), y ont vu une preuve scripturaire de ce que « la nation déicide », séparée des autres peuples par son « entêtement coupable » à refuser de reconnaître Jésus comme son Messie et à se convertir au christianisme, resterait ainsi jusqu’à sa condamnation ou sa conversion, à la fin des temps, « à part » et cramponnée aux « fables ridicules » de son Talmud, attendant en vain son salut d’une « pratique tatillonne et légaliste » des commandements de la Loi et d’un « attachement fanatique à des coutumes surannées ».

Et s’il est indéniable que ces lectures anhistoriques ou polémiques du passage scripturaire d’interprétation difficile cité plus haut ont largement prévalu, tant chez les Chrétiens que chez les Juifs, il s’en faut de beaucoup que ces derniers s’en soient accommodés de gaîté de cœur. Et de fait, leur histoire est jalonnée de tentatives – limitées et toujours infructueuses, mais à la récurrence significative – en vue de devenir comme tous les peuples de la terre [2].

L’Écriture témoigne éloquemment de ces tendances « assimilationnistes ». Dès l’« exode » et malgré les signes miraculeux qui l’ont accompagné, le peuple, qui tourne depuis longtemps dans le désert, se plaint amèrement de la fadeur de la manne (cf. Nb 11, 4-5) et veut « retourner en Égypte » (cf. Nb 14, 3), ce que Dieu a solennellement proscrit (cf. Dt 17, 16).

Et au VIe s. avant l’ère chrétienne, c’est sans doute pour répliquer à des récriminations analogues que Néhémie adresse des reproches tissés des mêmes réminiscences scripturaires (cf. Ne 9, 15-17) à sa communauté de « sionistes » avant la lettre, revenus de l’exil de Babylone, avec la bénédiction de Cyrus, pour reprendre possession d’une terre d’Israël que leur disputaient âprement les Samaritains.

Quelques siècles plus tard, à l’époque hellénistique, le processus s’aggrave : c’est l’apostasie, comme en témoigne ce passage du premier livre des Maccabées :

1 M 1, 11-15 : Alors surgit d’Israël une génération de vauriens qui séduisirent beaucoup de personnes en disant: Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’elles, bien des maux nous sont advenus […] Ils construisirent donc un gymnase à Jérusalem, selon les usages des nations, se refirent des prépuces et renièrent l’alliance sainte pour s’associer aux nations.

La Tradition aggadique juive postérieure a multiplié paraboles et exégèses pour battre en brèche cette tendance à l’assimilation, jugée néfaste et contraire au dessein de Dieu sur Son peuple. C’est ainsi que, commentant le passage de la Genèse : « et l’on vint le dire à Abram l’Hébreu [leavram haivri] » Rabbi Judah déclare : « Le monde entier est d’un côté [meever ehad] et lui [Avram] de l’autre ». Tandis que Rabbi Nehemiah affirme, pour sa part : « Il vient d’au-delà [meever]…» [3].

On ne saurait mieux illustrer le particularisme juif.

Tout au long de l’histoire mouvementée de ce peuple, on voit à l’œuvre deux tendances : l’une, centrifuge, qui pousse les Juifs à s’assimiler ; l’autre, centripète, qui rappelle à Israël que sa vocation est d’être « du côté de Dieu », comme sur « l’autre rive » de l’humanité, et donc séparé des nations non juives. Et nul doute que c’est intentionnellement et par fidélité au dessein de Dieu sur le peuple qu’Il s’est choisi, que les Sages d’Israël ont comme « corseté » les fidèles juifs dans les mailles impénétrables d’un enseignement, de normes de comportement, de pratiques cultuelles et de traditions culinaires et vestimentaires, qui ont façonné la mentalité, les comportements et jusqu’à l’aspect du juif observant, au point de le désigner immédiatement à l’attention ombrageuse de ses contemporains de toutes les époques.

Il en fut ainsi jusqu’à la fin du XIXe siècle. Lente et indécise à ses débuts, l’émancipation, philosophiquement acquise dès le « Siècle des Lumières » (XVIIIe s.), et couronnée, après la Révolution française, par l’intégration sociale et politique des Juifs dans la société civile, avait suscité d’immenses espoirs, tant chez ces derniers que chez leurs concitoyens non-Juifs, mais aussi un énorme malentendu, dont les conséquences néfastes n’allaient pas tarder à se manifester. Pour les Juifs, l’accession à l’égalité avec leurs semblables, que la Déclaration des Droits de l’Homme garantissait à tout être humain, constituait le gage qu’ils ne seraient plus désormais des citoyens de seconde zone et qu’on ne les persécuterait plus pour leurs convictions religieuses ni pour leur mode de vie. Quant aux Chrétiens, cette promotion sociale des Juifs avait fait naître en eux l’espoir secret qu’après avoir goûté aux « bienfaits de la civilisation chrétienne » et s’être ouverts aux « lumineux enseignements du Nouveau Testament et de la Tradition de l’Église », ces incrédules ne tarderaient pas à se convertir au christianisme.

On sait qu’il n’en fut rien, même s’il y eut des cas – plus ou moins retentissants – de conversions individuelles. Un survol de la littérature religieuse chrétienne, des dernières décennies du XIXe s. aux quatre premières du XXe, permet de distinguer les lignes de force d’un ressentiment antijudaïque qui semble causé, au moins en partie, par la déception chrétienne face à l’« inconvertibilité » des Juifs. Cette dernière, devenue patente dès lors qu’elle ne pouvait plus être expliquée par la réaction de repli sur soi d’un groupe persécuté, engendra une frustration d’autant plus grande chez les Chrétiens, qu’ils avaient l’impression que le « magnifique cadeau de l’émancipation » avait été reçu avec ingratitude par les Juifs, comme un dû dont ils profitaient cyniquement « sans rien donner en échange ».

Tel était l’état d’esprit qui prévalait, concernant les Juifs, tant dans le clergé que dans l’intelligentsia catholique, dans les décennies qui précédèrent la Shoah. On dira que les choses ont bien changé depuis. C’est vrai. Il y eut d’abord le chapitre 4 de la Déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II (1965), texte laborieux et très controversé, consacré à la première méditation positive de l’Église sur le peuple juif. Ensuite, virent le jour, au fil des années, des documents d’application et d’approfondissement de cette réflexion séminale. Même la Shoah, après de longues décennies de quasi-silence, a fait l’objet de déclarations de l’Église catholique et de Commissions épiscopales nationales, ainsi que de représentants d’autres confessions chrétiennes. Incontestablement, les attitudes chrétiennes ont évolué – surtout, il faut bien l’avouer, à l’initiative de hiérarchies dûment éclairées par des théologiens inspirés. Cette bonne volonté s’est avérée importante et méritoire, sans qu’il soit possible de suspecter les Églises d’intentions missionnaires, même si l’unanimité est loin de régner dans leurs rangs à ce propos.

Mais ce constat positif étant fait, force est de reconnaître que, pour les Églises comme pour leurs fidèles, le peuple juif reste une énigme indéchiffrable et le plus souvent irritante. Il faut également déplorer que son « rôle dans l’économie du salut » – pour employer une phraséologie chrétienne familière – ne fasse pas encore l’objet d’un traité spécial de la théologie, comme il le mériterait.

De ce fait, restent toujours sans réponse aujourd’hui des questionnements aussi cardinaux que ceux-ci :

  • Si, comme l’affirme Nostra Aetate 4, « l’Église croit […] que le Christ […] a réconcilié les Juifs par sa croix et en lui-même, des deux n’a fait qu’un » [cf. Ep 2, 14-16], pourquoi son enseignement ne souffle-t-il mot du rôle dévolu par Dieu, dans Son dessein de salut, à ce peuple – « olivier franc dont la racine la nourrit » ?
  • Si la majorité des Pasteurs et des fidèles chrétiens admettent, avec saint Paul, que « Dieu n’a pas rejeté le peuple qu’il a discerné d’avance » (cf. Rm 11, 2), comment concilient-ils cet aveu avec l’affirmation récurrente selon laquelle l’Église est le « nouveau peuple de Dieu » et le « nouvel Israël (cf. Lumen Gentium, 9 et Ad Gentes, 5) ?
  • Dans un discours aux communautés juives d’Allemagne (Mayence, 1980), le pape Jean-Paul II a parlé de la « Première Alliance qui n’a jamais été abolie » (cf. Rm 11, 28-29). Quel est le statut dogmatique de cette affirmation, et comment compte-t-on convaincre de sa compatibilité avec l’enseignement traditionnel de l’Église les nombreux fidèles qui, se fondant sur un texte néotestamentaire dont on peut déduire le contraire [4] et soutenus sur ce point par maints prédicateurs et conseillers spirituels (clercs et laïcs), ne cachent pas leur non-réception de cette audace théologique ?
  • Enfin, le temps n’est-il pas venu, pour les Églises, de considérer l’incrédulité juive multiséculaire incoercible à l’égard de la messianité et de la divinité de Jésus, comme un « paramètre » intégré de toute éternité dans la dispensation de la Révélation divine [5], et d’admettre que le Seigneur a, concernant le salut des nations en général et celui du peuple juif en particulier, des conceptions très différentes de celles qu’exposent laborieusement les formulations actuelles de la christologie et de l’ecclésiologie chrétiennes ? [6]

En outre, il reste la pierre d’achoppement sur laquelle buttent même de nombreux « philosémites » inconditionnels : le sionisme, souvent considéré comme le « péché moderne » des Juifs. J’en ai suffisamment disserté dans les pages précédentes pour ne pas devoir y revenir dans cette Conclusion.

Pourtant, dans l’esprit de ses fondateurs, à l’époque des pogromes russes et de l’affaire Dreyfus, ce mouvement de réappropriation laïcisée du vieux rêve religieux exprimé depuis des millénaires par le souhait traditionnel, « L’an prochain à Jérusalem rebâtie ! », sous la forme d’une aspiration à recréer un état national sur la terre ancestrale, apparaissait comme la seule réponse adéquate aux violentes persécutions antisémites auxquelles n’avaient mis un terme ni l’émancipation ni le loyalisme national dont les Juifs avaient pourtant fait preuve dans tous les pays où ils s’étaient, dans l’ensemble, bien intégrés.

Les théoriciens de ce mouvement étaient convaincus que leur peuple devait prendre en mains son destin politique et social, au lieu de subir la loi et les avanies des nations, parmi lesquelles il n’avait été, durant de longs siècles, qu’un hôte tout juste toléré, souvent humilié, menacé, spolié, voire mis à mort, et toujours contraint de composer et de ruser pour survivre et préserver ses acquis. À leurs yeux, seul un État fondé par des Juifs sur une terre juive, pouvait rédimer leur peuple, qu’ils considéraient comme responsable, par veulerie ou résignation, de son image, alors universellement répandue, d’usurier ou de colporteur cruel et cupide.

Qui, à l’époque, eût pu prévoir que la piètre terre lointaine, qui n’était alors l’objet d’aucune revendication nationaliste, et dont nul n’eût imaginé qu’elle serait un jour disputée au peuple qui en était issu, deviendrait un piège pour les Juifs qui, las d’être les parias des nations, avaient cru – tragique naïveté ! – recouvrer leur dignité et gagner le respect de l’humanité en devenant enfin une nation comme les autres ?

Alors que les événements tragiques du Proche-Orient ont ramené à la Une des journaux la brûlante question palestinienne et celle, plus explosive encore, du statut de Jérusalem, l’attention sourcilleuse des nations – et, parmi elles, celle des confessions chrétiennes – se concentre à nouveau sur le peuple dans la bouche duquel le Psalmiste mettait, voici plus de 2500 ans, cette plainte : « Tu as fait de nous un objet de contradiction pour nos voisins » (Ps 80, 7) [7].

C’est un fait bien connu que quiconque fait « bande à part » suscite la contradiction. Tel est bien le cas du Juif.

Son refus, aussi obstiné que tranquille, de la foi chrétienne, sa certitude imperturbable que le monde n’est pas encore rédimé, et donc que son attente messianique n’est pas vaine, irritent beaucoup de Chrétiens, scandalisés de ce que la tradition rabbinique applique à son peuple, ou au Messie qui, croit-elle, sortira de lui, tous les passages scripturaires traditionnellement considérés par eux comme se référant uniquement à Jésus.

Oui, le peuple juif suscite la contradiction universelle. Comme ce fut le cas de Jésus, d’ailleurs [8].

Oui, il se peut que son attachement viscéral à sa terre ancestrale et aux vestiges du Temple de Jérusalem n’apporte pas la paix, mais la guerre. Une fois de plus, comme ce fut le cas de Jésus [9].

Étrangement, une relecture de l’Écriture à la lumière de l’histoire, sublime et misérable à la fois, de ces Juifs, accablés de grâces et de responsabilités incompatibles avec la faiblesse humaine, tour à tour héroïquement fidèles et tragiquement infidèles, mais toujours « élus et chéris de Dieu à cause des Pères » (cf. Rm 11, 28), une telle relecture pourrait être de nature à faire comprendre aux âmes droites qu’il fallait sans doute que ce peuple soit en butte à une contradiction aussi universelle pour que, cessant de fuir sa vocation à être « une alliance de peuple et une lumière pour les nations » (cf. Is 42, 6), il accepte que « Celui qui dispersa Israël le rassemble » (cf. Jr 31, 10) et l’« amène à Sion » [10], jusqu’à ce que lui-même, d’abord, puis les nations de la terre, « reconnaissent qu’il est une race bénie du Seigneur » (cf. Is 61, 9) [11].

Et voici que s’est fait jour, vers la fin des années 1960, le mouvement spirituel juif dont j’ai parlé plus haut, que personne n’attendait, et qui, à ses débuts, paraissait fantaisiste, exalté, et joyeusement hétérodoxe. Il s’agissait de Juifs de toutes conditions, orthodoxes ou libéraux, pieux ou seulement idéalistes, frottés de culture juive ou n’en ayant que quelques rudiments, versés dans l’étude des Écritures ou ne la lisant qu’épisodiquement, mais ayant tous en commun… la foi en Jésus le Christ, qu’ils appelaient (et appellent toujours aujourd’hui) de son nom hébraïque, Yeshoua. Dénommés « Juifs pour Jésus », mais aussi « Chrétiens Hébraïques », puis « Juifs Messianiques », il était difficile, au début, de savoir si leur engouement pour Jésus procédait d’une foi éprouvée en Sa messianité, voire en sa divinité, ou s’il s’agissait d’un mouvement libertaire s’apparentant davantage aux hippies, plus motivés par la musique, la libération sexuelle et la consommation de drogues, que par un réel amour de Dieu et une piété sincère.

Comme l’a reconnu le rabbin messianique Mark Kinzer, largement cité dans ces pages, Le protestantisme dans ses mouvances les plus charismatiques de conversion et de baptême dans l’esprit, dont les Pentecôtistes, ont accueilli à bras ouverts ces ‘convertis à Jésus’ et exercé sur eux une influence considérable, encore bien perceptible de nos jours dans certains groupes.

J’ai traité plus haut de la mouvance que je connais le mieux et avec laquelle, je l’avoue, j’ai le plus d’affinité, à savoir le Judaïsme Messianique. Et je suis enclin, jusqu’à plus ample informé, à y voir une grâce de Dieu pour les Chrétiens d’aujourd’hui. Car ni eux ni leurs devanciers n’ont fait repentance pour les persécutions infligées aux Juifs et le mépris et la dérision dont ils ont été abreuvés, au fil des siècles. C’est qu’ils n’ont pas cru à ce qu’annonçait l’Écriture concernant ce peuple, pensant qu’il leur suffisait de croire au Christ pour être agréable à Dieu.

Or, croire dans le Christ, c’est croire au dessein de Dieu sur les Juifs, dont Il préfigure le destin de souffrance et de gloire

Et, pour finir j’invite, dans les termes mêmes de l’Apôtre Paul, les Chrétiens qui, sous différents prétextes et en maintes occasion, mettent au pilori les Juifs qui vivent en Israël, à respecter le mystère de ce « peuple qui réside à part [12] et n’est pas compté parmi les nations » : ce Juif, « signe de contradiction » :

Rm 14, 4 : Toi, qui es-tu pour juger le serviteur d’autrui ? Qu’il reste debout ou qu’il tombe, cela ne concerne que son maître ; d’ailleurs il restera debout, car le Seigneur a la force de le soutenir.

 

© Menahem R. Macina

Juin 2016


  1. Une large partie de cette Conclusion est reprise d’un article antécédent : voir M. R. Macina, « Rester à part », ou « être mis à part » ? Les Juifs, une question pour les nations ».
  2. Cf. Dt 17, 14 ; 1 S 8, 5.20 ; Ez 20, 32, etc.
  3. Tel est, en effet, le sens de l'exégèse, symbolique autant que populaire, du terme ivri, accolé au nom d'Abraham en Gn 14, 13, que l'on peut lire dans le très ancien Midrash Bereshit Rabbah, Parashah 41 (42).
  4. He 8, 1 : « En disant: alliance nouvelle, il rend vieille la première. Or ce qui est vieilli et vétuste est près de disparaître. » Cf. M. R. Macina, « Caducité ou irrévocabilité de la première Alliance dans le Nouveau Testament? À propos de la "formule de Mayence" », dans Istina XLI/5, novembre-décembre 1996, p. 347-400.
  5. Cf. la parole de Dieu par Shemaya, lors du schisme des 10 tribus (1 R 12, 24) : « Ainsi parle le seigneur : N'allez pas vous battre contre vos frères, les enfants d'Israël; que chacun retourne chez soi, car cet événement vient de moi. »
  6. Comme il est écrit : « Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle du Seigneur. » (Is 55, 4).
  7. Signalons que le grec antilogia (« querelle », « contradiction », « opposition », « contestation »), utilisé par la Septante (Ps 79, 7) pour traduire l'hébreu : madon, dans ce verset, se retrouve, à la forme verbale passive, en Lc 2, 34, cité dans la note suivante. Constructions similaires en Ac 28, 22 et He 12, 3.
  8. « Cet [enfant] sera occasion de chute et de relèvement pour beaucoup en Israël, et un signe [qui suscite la] contradiction (eis sèmeion antilegomenon) » (Lc 2, 34).
  9. « N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » (Mt 10, 34). Maints passages scripturaires annoncent une montée des nations contre Israël et contre Jérusalem, et entre autres : Is 29, 8 ; Jl 4, 2.12 ; Za 14 ; Ha 3, 16 ; Lc 21, 24 ; etc.
  10. Le caractère progressif de ce retour est attesté par Jérémie : « Je vous prendrai, un d'une ville, deux d'une famille, pour vous amener à Sion… » (cf. Jr 3, 14 ss.).
  11. Ce sont là, objectera-t-on peut-être, des interprétations « fondamentalistes » de passages scripturaires qui n'ont pas été écrits pour cela. Ce danger existe, en effet (cf. mon article : « Antidote patristique à une lecture fondamentaliste de l’Écriture ». Mais n'est-ce pas prendre un risque plus considérable encore que de se retrancher derrière une « objectivité méthodique » pour récuser a priori la possibilité qu'un texte, écrit dans une situation précise par un auteur dont l'intention était à l'évidence tout autre que ce qui en sera déduit plus tard si l'Esprit Saint l'a voulu ainsi, soit comme « génétiquement » porteur d'un accomplissement ultérieur imprévisible à vue humaine et connu de Dieu seul ? Cf. l'analyse pertinente de L.-J. Bord, « Au commencement était le Verbe », in Lettre de Ligugé 294, octobre 2000, p. 12-14, où sont démarqués les inconvénients d'une radicalisation de l'une ou l'autre option exégétique.
  12. L'étude de cette thématique et de ses harmoniques prophétiques sont en dehors du propos de ce livre. Je me limiterai donc à signaler les références suivantes : Dt 33, 28 (surtout) ; Mi 7, 14 ; Ps 4, 9 ; Jr 49, 31 = Ez 38, 8, etc., auxquelles le lecteur désireux d'approfondir ma présente réflexion sur ce thème aura avantage à se reporter.

Licence

Icône de la licence Domaine public

Cette oeuvre (Salut universel et particularisme d'Israël. Le rôle médiateur du Judaïsme Messianique de Menahem R. Macina) n’a aucune restriction de droit d’auteur connue.

Partagez ce livre